7 avril 2008: Discours de Son Excellence Monsieur Seiichi KONDO, Représentant du Japon au Conseil exécutif de l’UNESCO, 179ème Session

 

 

"Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,


Avant tout, je voudrais souhaiter la bienvenue aux nouveaux Etats membres du Conseil exécutif et leur dire combien je me réjouis de travailler avec eux en étroite collaboration.

En l’absence de questions revêtant une importance ou une urgence particulière, cette session du Conseil peut être pour nous l’occasion de considérer les objectifs de l’Organisation sous un jour nouveau, tourné vers l’avenir et le long terme, tout en mesurant pleinement les fruits que nos efforts de réforme ont déjà portés.

 

 

Je note depuis mon arrivée à l’UNESCO, il y a un an et demi, une certaine évolution allant dans le bon sens : il y a aujourd’hui beaucoup plus de réunions d’information, de groupes de travail informels, nous recevons beaucoup plus de Notes bleues. De plus, un certain nombre de réformes administratives et financières ont été mises en place : règles financières et contrôle interne plus stricts, et évaluation des activités passées dans la nouvelle présentation du C/ 3, pour n’en citer que quelques unes. Nous sommes très favorables au nouveau système de rotation et nous nous réjouissons de ces avancées qui contribuent à rendre l’Organisation plus transparente et responsable qu’elle ne l’a jamais été.

 

Mais ces mesures ont un coût. Elles impliquent une mobilisation accrue des ressources du Secrétariat. Pourtant, invariablement, nous diminuons chaque année le budget, favorisant les programmes au détriment de l’administration.

 

Je m’interroge : cela est-il tenable ?

 

Je n’ai pas de réponse claire à cette question, et je souhaite que tout le monde autour de cette table puisse prendre un instant pour y réfléchir. Nous devons au moins veiller à ce que toutes les réformes qui ont été décidées soient pleinement mises en œuvre, et à ce que notre volonté d’améliorer encore le fonctionnement de l’Organisation ne se traduise pas par une micro-gestion à courte vue qui finirait par détruire l’Organisation, ce qu’aucun d’entre nous ne souhaite.

 

 

(C/4 ajustable)

 

Monsieur le Président,

Je souhaite exprimer ma satisfaction face aux notables améliorations apportées au Document C/4 pour la période 2008-2013, tant en termes de contenu que de structure. Je suis favorable à l’idée que la Stratégie à moyen terme soit ajustable, mais je souhaite toutefois saisir cette occasion pour souligner la nécessité de trouver le juste équilibre entre flexibilité des composants du C/4 et maintien des programmes dans une perspective à moyen terme. Il convient de se méfier de la tendance actuelle à ne se préoccuper que de résultats tangibles et à court terme et de prendre conscience que l’UNESCO ne pourra accomplir sa mission unique que dans une perspective globale et à long terme.

 

 

(Education en vue du Développement durable (EDD))

Monsieur le Président,

Je voudrais maintenant aborder plusieurs questions d’ordre programmatique.

Même si l’on se doit de reconnaître que la démocratie et l’économie de marché ont apporté aux hommes du 20ème siècle une prospérité sans précédent, c’est la durabilité qui, au 21ème, devra devenir le concept fondamental si nous voulons être capable de léguer cette prospérité à nos enfants et à nos petits-enfants. Au-delà des avancées de la science et de la technologie, le développement durable devra se fonder sur l’adoption de nouveaux modes de vie faisant moins de place à la consommation ainsi que sur un changement de comportement et de mentalité. Ceci nécessite une prise de conscience mondiale des problèmes actuels et des solutions qu’il est possible de leur apporter. C’est dans cette optique que le Gouvernement japonais s’efforce de promouvoir l’éducation en vue du développement durable (EDD).

Ce dernier a notamment annoncé la tenue, à la fin de cette année, d’un Forum international sur l’EDD, dont les discussions contribueront au succès de la « Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’Education en vue du Développement durable » qui doit se tenir en Allemagne l’année prochaine. Vous vous interrogez peut-être sur le pourquoi d’une telle initiative, et vous vous dites que ce ne sont pas les gouvernements qui doivent décider du contenu de l’enseignement. Je vous répondrais que notre objectif consiste à encourager les écoles et les professeurs à intégrer le concept de « durabilité » comme valeur de base, au même titre que la démocratie, dans toutes les matières, y compris la biologie, l’histoire ou l’économie. Nous souhaiterions que les pays puissent trouver leurs propres moyens d’atteindre cet objectif et échanger leurs expériences et leurs bonnes pratiques.


Je souhaite que l’UNESCO, sur la base de la Résolution adoptée par la Conférence générale, s’efforce d’améliorer la visibilité de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable. Le réseau ASPnet (Réseau des Ecoles associées de l’UNESCO) constitue sans doute un outil important pour atteindre cet objectif.

 

 

(Education pour Tous (EPT))

 

Chers collègues,

Il va sans dire que l’EPT est la priorité numéro un de l’UNESCO. En fait, l’EPT et l’EDD sont à la fois interdépendantes et complémentaires en de nombreux aspects : l’alphabétisation contribue de façon significative à la prise de conscience de l’importance du développement durable, et la promotion de l’EDD, en permettant une meilleure utilisation des ressources, améliore le développement socio-économique des pays en voie de développement, objectif principal de l’EPT. L’alphabétisation demeure l’un des défis majeurs de l’EPT. Le mois dernier, le Gouvernement japonais a alloué 13 millions de dollars en faveur de l’Initiative de l’UNESCO pour l’Alphabétisation : savoir pour pouvoir (LIFE), en Afghanistan afin de renforcer le système éducatif de ce pays qui doit faire face à une situation de post-conflit.

 

 

(Afrique, TICAD, G8)

L’Afrique constitue une priorité claire à la fois pour l’UNESCO et pour le Gouvernement japonais. Cette année au mois de mai, le Gouvernement japonais accueillera la Conférence internationale de Tokyo pour le Développement de l’Afrique (TICAD IV), et au mois de juillet, le Sommet du G8 à Hokkaido. « L’Afrique et le Développement » sera l’un des thèmes principaux des discussions entre chefs d’Etats. Je souhaite que la tenue de ces réunions puisse contribuer au développement des partenariats nécessaires à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement et des objectifs de l’EPT.

 

 

(Patrimoine culturel immatériel)

La portée historique de la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel est considérable puisqu’elle permet à certains individus de reconquérir leur identité et de retrouver confiance, deux valeurs mises à mal par l’accélération du processus de mondialisation. C’est pourquoi j’appelle les Etats Parties à la Convention à affirmer leur volonté de mettre tout en œuvre lors de la prochaine Assemblée générale au mois de juin, pour que les premières inscriptions de biens culturels immatériels sur les listes de la Convention puissent avoir lieu l’année prochaine.


Le Japon, pays pionnier dans la reconnaissance de l’importance du patrimoine culturel immatériel, a l’intention de poursuivre ses activités de coopération internationale dans ce domaine, notamment, par la création d’un Centre de Catégorie 2, tout en assurant la complémentarité et la synergie au sein de la Région Asie-Pacifique, et en étroite collaboration avec la Chine et la République de Corée. Nous avons écrit au Directeur général pour lui faire part de notre intention.

 

 

(Visibilité)


Le Commissaire aux comptes a soulevé une autre question, celle de la visibilité, qui revêt une importance considérable. Le message que je souhaite faire passer en tant que Rapporteur en charge de la question de la visibilité au sein du Groupe de travail informel sur l’organisation de la Conférence générale, c’est qu’il n’est plus temps de discuter de généralités, mais que le temps est venu de se lancer dans des actions concrètes. Peut-être cela prendra-t-il 50 ou 100 ans pour que la visibilité de l’UNESCO puisse atteindre un niveau satisfaisant, mais, nous ne réussirons jamais, à moins de prendre, dès maintenant, des mesures précises et concrètes.

 

Pour conclure, et afin d’illustrer ce qui précède, laissez-moi évoquer une anecdote dont, à mon sens, nous, Etats Membres de l’UNESCO, devrions nous inspirer. On raconte qu’Hubert Lyautey, célèbre Maréchal français, voulait planter un arbre dans sa propriété. Il demanda à son jardinier de planter un chêne. Quand ce dernier lui expliqua que sa croissance durerait une centaine d’années, et qu’il n’en jouirait pas avant longtemps, le Maréchal lui répondit : « puisque c’est ainsi, ne perdez pas de temps et plantez le dès cet après midi ! ».

Merci de votre attention."

 

 

Liens:

 

Site du Conseil exécutif de l'UNESCO

 

 

 

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