2 Octobre 2007 :Discours de Son Excellence Monsieur Seiichi Kondo, Représentant du Japon au Conseil exécutif de l'UNESCO, 177ème Session du Conseil exécutif de l'UNESCO
(discours en français )
"Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,
Mesdames et Messieurs
Lors de cette session du Conseil, phase finale de préparation du prochain biennium, nous nous devons d'être particulièrement attentifs à ne pas perdre de vue une double perspective, à la fois universelle et à long terme. Alors qu'une forte houle entraîne notre bateau vers l'inconnu, il nous faut définir notre cap, diriger notre proue dans la bonne direction et ne pas perdre notre temps à essayer de maintenir les chaises longues sur le pont.
(Réforme)
D'abord et avant tout, nous devons poursuivre le processus de réforme. Envoyons un message clair à ceux qui tentent de le saboter en leur disant que nos efforts en vue d'obtenir des résultats tangibles avec un investissement minimum ne doivent jamais cesser, et que le prochain biennium est primordial pour l'obtention de résultats concrets. Si vous me permettez une métaphore cycliste, on risque la chute si l'on ne pédale pas dans le sens de la réforme.
(Décentralisation)
La réforme des principaux secteurs doit continuer tout comme doit continuer la décentralisation, accompagnée d'une juste politique de rotation du personnel. Comme l'a dit Tom Friedman, le monde est devenu une surface plane, et la meilleure façon de le gérer sous cette nouvelle forme consiste à établir des réseaux horizontaux destinés à créer des connections entre experts. La mise en oeuvre d'un processus efficace de décentralisation est le seul moyen d'affirmer le statut de l'UNESCO dans les Bureaux hors Siège dans le cadre du principe de l'unité d'action des Nations Unies.
(Décentralisation ne signifie pas indépendance)
Cependant, la décentralisation n'est pas synonyme d'indépendance totale. Si la liberté la plus grande doit être donnée aux experts afin qu'ils puissent accomplir leur travail pleinement, un mécanisme susceptible d'assurer leur étroite interaction dans le cadre de règles et d'objectifs communs doit être mis en place. L'esprit de l'Acte constitutif de l'UNESCO ainsi qu'un ensemble de règles communes en matière de budget et de personnel doivent prévaloir dans tous les bureaux de l'UNESCO, y compris dans les bureaux hors Siège et les instituts de catégorie 2. Un mécanisme susceptible d'assurer une meilleure interaction entre les Grands Programmes II et III doit être mis en place. Le Centre du Patrimoine mondial, plutôt que de se voir accorder une plus grande autonomie, doit tendre vers plus de coordination avec les autres secteurs. C'est seulement de cette façon que, le tout, c'est-à-dire l'UNESCO, pourra être plus grand que la somme de ses parties, c'est-à-dire les secteurs.
(La Réforme doit être soutenue par tous)
Il est important de maintenir entre les 3 organes une coopération étroite fondée sur le respect du mandat de chacun. Nous devons, à cet égard, veiller à éviter la tendance à la micro-gestion du travail du Secrétariat qui provoque la démoralisation du personnel. Le processus de réforme ne peut, en effet, réussir que s'il reçoit l'adhésion de tous.
Laissez-moi illustrer ces propos par un exemple culinaire : si vous avez envie d'une délicieuse tarte aux pommes, dites à votre cuisinier ce que vous voulez exactement, une tarte fine aux pommes ou une tarte tatin, indiquez-lui la façon dont elle doit être sucrée et quel doit en être le prix. Ne lui dites pas en revanche quelle variété de pommes utiliser, ni la quantité de sucre nécessaire. Si vous intervenez de façon excessive dans son travail, il risque de s'en trouver démoralisé et, de ce fait, de rater sa tarte aux pommes.
Une fois la tarte terminée, vous donnez votre avis. Vous dites à votre cuisinier que vous la trouvez délicieuse, ou, au contraire, que vous auriez préféré qu'elle soit plus sucrée, mais, encore une fois, ne lui dites pas comment faire.
C'est ainsi que nous devons procéder avec le C/5 : accorder une enveloppe budgétaire, définir les objectifs que nous souhaitons voir atteints, faire confiance au Secrétariat, enfin, effectuer une évaluation à l'issue de la période.
(Plafond budgétaire)
Monsieur le Président,
Cela m'amène à la question du budget et de l'évaluation. En ce qui concerne le plafond budgétaire des organisations internationales, le principe fondamental suivi par le Japon est celui de la croissance nominale zéro (CNZ). Il est essentiel que les contributions des Etats Membres, financées par les impôts de leurs concitoyens, soient utilisées de façon efficace, ne laissant aucune place aux dépenses inutiles. Nous nous félicitons par ailleurs de la réussite de la réforme entreprise par le Directeur général, dont la mise en ouvre se fait, depuis le début, dans le cadre d'un budget à croissance nominale zéro. Nous considérons également que le C/5, qui propose dans sa version révisée, une enveloppe budgétaire d'un montant de 631 millions de dollars, est un document cohérent qui donne la priorité à cinq domaines d'action importants, l'Afrique étant l'un d'entre eux, tout en maintenant le principe de la CNZ pour les coûts des services liés au soutien du programme.
Sur cette base, le Gouvernement japonais, en dépit de très sérieuses contraintes fiscales, et se félicitant des efforts du Directeur général pour l'obtention d'un consensus entre les Etats Membres, a décidé de soutenir le budget de 631 millions de dollars, faisant exception à son principe de croissance nominale zéro.
(TICAD IV)
Nous nous réjouissons de la priorité claire donnée par l'UNESCO à l'Afrique, l'Afrique qui est également notre priorité. Les êtres humains ne pourront pas crier victoire tant que la pauvreté ne sera pas complètement éradiquée sur ce continent. C'est dans cet esprit que nous accueillerons la Réunion TICAD IV (Conférence internationale de Tokyo pour le Développement de l'Afrique) en mai 2008. C'est au sein de ce forum que débuta, en 1993, l'initiative japonaise pour la coopération sud-sud et la coopération triangulaire visant à transmettre l'expérience de l'Asie à l'Afrique. Le thème principal de cette 4ème Conférence intitulé « Vers une Afrique qui gagne : Un Continent de l'Espoir et de l'Opportunité », met l'accent sur la croissance économique, la sécurité humaine et le changement climatique.
(Evaluation)
Je me félicite des récents progrès de l'UNESCO dans le domaine de l'évaluation. En effet, celle-ci revêt une importance cruciale à trois niveaux : tout d'abord, elle nous fournit des indices intéressants dans notre difficile tâche d'identification des priorités. Ensuite, elle aide le personnel du Secrétariat à acquérir une culture de la réforme axée sur les résultats. Enfin, dans le cadre de la mise en ouvre du principe d'unité d'action des Nations Unies dans les Bureaux hors Siège, elle offre à l'UNESCO de bons arguments pour justifier de son utilité.
J'espère que le Secrétariat pourra mettre en place des indicateurs appropriés pour l'évaluation, de façon à ce que la nature unique de la mission de l'UNESCO, dont l'impact quantitatif est difficile à évaluer, soit pleinement prise en compte.
(Questions à long-terme)
Monsieur le Président,
Aucun pays plus que le Japon n'est capable d'apprécier l'importance de l'EPT, et je souhaite ici traiter de quelques programmes qui, s'ils ne porteront leurs fruits qu'à long terme, n'en revêtent pas moins une importance cruciale, et à qui, de ce fait, il convient d'accorder une attention particulière lors du processus d'évaluation. Je vous en donnerai 3 exemples clefs.
Le premier est la Décennie des Nations Unies pour l'Education en vue du développement durable (DEDD). C'est, en fin de compte, sur l'esprit humain que repose la réussite de la durabilité. En gardant présent à l'esprit le fait que l'UNESCO a été désignée comme l'Agence Chef de file de la DEDD, il est temps pour elle de s'efforcer de promouvoir l'EDD d'une manière plus réaliste et axée sur les résultats, grâce à une meilleure interaction entre l'EPT et la DEDD. A cet égard, j'espère que le Conseil adoptera le Projet de Décision proposé par le Japon sur cette question, qui est fondé sur une proposition de la Commission nationale japonaise.
Le deuxième exemple est le dialogue interculturel, projet dont le monde du 21ème siècle a besoin plus que d'aucun autre. Ce projet illustre de façon éclatante le fait que certains programmes de l'UNESCO, bien que pertinents et relevant de la compétence de l'Organisation, mais ne donnant pas de résultats mesurables, entraînent une perte d'intérêt des donateurs qui n'ont pas conscience que ce qui compte est la mise en ouvre du projet et non ses résultats. Je déplore la baisse du budget consacré au dialogue interculturel dans la version révisée du C/5, mais je l'accepte en souhaitant que sa mise en ouvre puisse néanmoins se poursuivre, et que les Etats Membres appartenant au Groupe d'Amis pour l' « Alliance des Civilisations » créé à New York, puissent, par le biais d'une coopération constructive avec l'UNESCO, prendre la responsabilité de promouvoir le rôle de l'Organisation.
Le troisième projet que je souhaite mettre en exergue est la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel. La réunion du Comité qui s'est récemment tenue à Tokyo et que j'ai présidé, a fait un grand pas en avant vers la mise en ouvre opérationnelle de la Convention, permettant que la première inscription ait lieu en septembre 2009. L'objectif de cette Convention est d'aider les individus, particulièrement dans les pays en voie de développement, à créer un cercle vertueux passant par l'affirmation de l'identité et de la confiance en soi, la volonté de contribuer à l'édification de la Nation et la capacité à être plus tolérants envers des cultures différentes. Je lance ici un appel à tous les Etats Membres pour qu'ils ratifient cette Convention s'ils ne l'ont déjà fait.
Ce sont là des projets qui, progressivement, contribueront à « élever les défenses de la paix dans l'esprit des hommes », empêchant ainsi la naissance de nouvelles guerres. C'est la crainte des possibles critiques que les historiens du 22ème siècle pourraient émettre à l'encontre des hommes du début du 21ème qui doit guider notre action : faisons en sorte qu'ils ne puissent nous faire le reproche de trop avoir privilégié le concret et le court terme, d'avoir considéré les avancées scientifiques et technologiques avec trop d'optimisme, et de n'avoir pas su empêcher l'UNESCO de tomber dans les travers de la société de notre époque, laissant ainsi une nouvelle tragédie se produire.
Merci de votre attention.
Liens
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(There is no English version of this speech
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