7 mai 2004 : Allocution de clôture du symposium «Diversité culturelle et Mondialisation : l’expérience arabo-japonaise, un dialogue interrégional » - par M. Seiichi Kondo, Ancien Secrétaire général adjoint de l'OCDE, Directeur général pour les affaires culturelles du Ministère des Affaires étrangères du Japon
(M. Seiichi Kondo fut Délégué permanent du Japon auprès de l'UNESCO de septembre 2006 à mi- août 2008 )
©Délégation du Japon auprès de l'UNESCO
"De nombreux spécialistes ont tenté d'analyser la notion de dialogue à partir de concepts comme la culture et l'identité, la modernité, la modernisation, l'impact de la colonisation ou de la mondialisation, etc. Et certes, il est essentiel de continuer à réfléchir à ces concepts importants à mesure que nous approfondissons le dialogue.Mais il n'est pas nécessaire de rechercher un consensus à leur sujet; ce qu'il faut étudier, derrière ces concepts, ce sont nos propres pensées.
La comparaison entre l'expérience de l'Egypte et celle du Japon au XIX e siècle est intéressante et fructueuse en ceci qu'elle met précisément l'accent sur ces concepts. La réflexion sur la manière dont le Japon a su se moderniser sans renier ses valeurs traditionnelles laisse penser que d'autres études de ce type pourraient contribuer à enrichir le dialogue à l'avenir.
Une chose est sûre en tout cas : la modernité, ou plutôt la capacité de modernisation, n'est pas exportable d'un pays à un autre.
La tolérance , voilà le maître mot du dialogue entre civilisations. Pour engager un dialogue authentique et sincère, il faut être tolérant ; il faut faire confiance aux autres. On ne peut pas dialoguer si l'on a peur de l'Autre. Ce qui nous renvoie au problème de l'Histoire, car comme le disait le Premier Ministre Nehru : « Ce sont les vainqueurs et les conquérants qui écrivent l'Histoire ».
Ce qui amène à se poser plusieurs questions :
-Faut-il réécrire l'Histoire ?
-Peut-on réécrire l'Histoire ?
-Peut-on oublier le passé sans aliéner l'avenir ?
-Le souci de respecter la diversité peut-il justifier qu'on renonce à ses aspirations les plus ardentes, à ce que le professeur Naito appelle « la foi dans le progrès » ou « l'universalisme » ?
-Sommes-nous préparés à changer; au cours ou à l'issue du dialogue ?
Telles sont les questions qu'il faut continuer à se poser dans les dialogues à venir, sans négliger pour autant la réalité de la nature humaine. Les êtres humains sont le produit de leur environnement ; c'est pourquoi la politique est tributaire de cet environnement. A l'inverse, l'économie, la technologie, l'information sont des données universelles qui suscitent la concurrence et fabriquent des gagnants et des perdants. Il est tentant pour les politiques d'inventer des ennemis à l'extérieur pour renforcer la cohésion et l'unité nationales et détourner l'attention des citoyens des problèmes intérieurs. En général, les peuples ne s'acceptent dans leur diversité que face à un ennemi commun. Comment, dans ces conditions, parvenir à instaurer un véritable cosmopolitisme ?
En conclusion, je voudrais évoquer quelques pistes pour notre action future.
De nombreux spécialistes ont souligné l'importance de l'éducation : encore faut-il savoir qui rédige les manuels et élabore les programmes.
L'idée de faire des échanges d'étudiants pour promouvoir le respect de la diversité culturelle est certes excellente. Plus l'expérience de la réalité internationale se fait tôt, plus elle est bénéfique. Le Gouvernement japonais a l'habitude d'organiser des voyages d'études sous forme de croisières à l'intention des jeunes. Nous accueillons régulièrement 300 jeunes étudiants d'une quarantaine de pays pour une durée de 40 jours. Ce type d'expérience dans un Environnement bien particulier, ne peut que favoriser la compréhension mutuelle entre les participants.
Les programmes d'échanges et les manifestations culturelles sont également très utiles. Une ouvre d'art en dit souvent plus que bien des mots. Nous avons tendance à dépendre exclusivement du langage, qui est un outil très efficace pour exprimer la pensée logique, mais il arrive aussi que nous en sentions les limites. C'est pourquoi on ne peut qu'encourager le recours à l'expression artistique et culturelle pour promouvoir la compréhension mutuelle.
Le dialogue n'est pas une fin en soi mais un processus, une quête de vérité, et c'est ce qui doit nous inciter à poursuivre ce type d'expérience, et, pourquoi pas, en invitant des nterlocuteurs extérieurs. Nous avons eu le plaisir d'accueillir à cette tribune un professeur allemand. À l'avenir, le dialogue entre le Japon et les pays arabes pourrait s'enrichir de ces apports extérieurs.
Quoi qu'il en soit, la vraie question qui se pose, comme l'a dit M. Salamé, est la suivante : «Sommes-nous prêts au changement ?»
Dialoguer, ce n'est pas tenter de convaincre son interlocuteur. Le dialogue est action, et chacune des deux parties doit être ouverte au changement. C'est là l'idée importante que nous devons garder présente à l'esprit dans notre dialogue à l'avenir.
À mon sens, il faut voir dans l'ouvre de MM.Tanaka et Massoudy le symbole de ce dialogue sans a priori. Il n'est pas question ici de normaliser ou d'uniformiser mais d'un art qui symbolise l'adhésion à un dialogue authentique et ouvert au changement. Pour sa part, le Gouvernement japonais est résolu à favoriser la poursuite de ce dialogue au sein de l'UNESCO."
Liens
Le 6 mai 2004, Son Excellence M. Teiichi Sato, à l'époque Délégué permanent du Japon auprès de l'UNESCO a prononcé le discours d'ouverture de ce symposium.
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